Nous proposons un parcours en trois étapes de la spiritualité du chanteur Orelsan à travers ses textes. Vous pouvez retrouver le premier article de la série ici.
Tout le titre «Elle viendra quand même» (album Le chant des sirènes,2011) est une pépite pour plonger au cœur de la pensée d’Orelsan sur ce qui régit l’univers. Il y renseigne une envie de croire mais la foi est pour lui quelque chose d’irrationnel qui sert à faire se rassurer les humains.
« Je voudrais croire aux miracles, aux tours de magie/ Mais, c'est qu'un peu de trucages et beaucoup de mise en scènes ».
Dans cette citation, les miracles sont une métonymie pour désigner la foi chrétienne, mais on voit qu’elle est mise à la même enseigne que les tours de magie, c’est-à-dire à l’ésotérisme. Confirmation donnée dans une autre punchline.
« Le Big-bang, l'évolution, les hommes préhistoriques/Face au mystique, l'ésotérique, les délires cosmiques/Choisis ta voix/Entre Kurt Cobain et Bouddha, deux façons d'atteindre le Nirvana ».
Ici, par le même processus, c’est le bouddhisme qui est mis à la même enseigne que l’ésotérisme. Et donc par déduction logique, le bouddhisme équivaut au christianisme, dans la pensée d’Orelsan donc, tout se vaut.
Ce en quoi il croit, c’est la science, mais cela n’a pas l’air de beaucoup le conforter pour autant. Il indique :
« J'crois qu'en la vérité des microscopes/ Celle qui dit qu'tout est fini quand y'a plus de montagnes sur l'oscilloscope »,
« Elle me hante à en devenir gothique/ Je lis des chroniques scientifiques, voir l'avancée des corps bioniques ».
Face à cette peur qui le tient, qui lui fait dire qu’il n’y a rien après la mort, ses espoirs sont placés dans ce qui peut permettre d’allonger la vie, pour retarder la mort le plus possible (et donc le problème de savoir ce qui se passe après celle-ci), ici en l’occurrence, les corps bioniques.
S’il dit envier l’espoir « de croire au surnaturel […], le confort de s’en remettre à la grâce du ciel », il affirme clairement par cette dernière phrase considérer la foi comme un confort. Cependant, ce qui semble si sûr d’après cette phrase se nuance dans un autre vers au sein du même titre :
« Impuissant, si Dieu n'existe pas j'brasse du vent
Si Dieu existe, j'trouve pas ça vraiment plus rassurant
C'est marqué noir sur blanc
Au grand tournoi du Paradis on ira sûrement même pas sur le banc
J'ai du mal à croire la Bible même si j'aime ses enseignements
La mort c'est la finale, le sommeil c'est l'entrainement »
Le confort est remplacé par une angoisse, car si Dieu existe, alors la vie menée sans prendre en compte son existence ne laisse pas envisager une éternité avec lui. En réalité, les deux visions qu’entraine la reconnaissance de l’existence de Dieu sont assez classiques. D’un côté, l’accent est mis sur la grâce de Dieu qui produit du confort (Dieu pardonne tout), de l’autre, l’accent est mis sur son jugement, qui fait en résulter l’angoisse (Dieu juge tout).
Une dernière référence à Dieu se trouve dans «Peur de l’échec» (Perdu d ’avance, 2009), où il confirme son agnosticisme, croire un peu en Dieu, mais pas totalement :
« J’crois en Dieu, mais pas vraiment/J’irai avec les mécréants quand j’partirai les pieds devant ».
Voilà ce qu’on peut dire du rapport à Dieu d’Orelsan : un artiste influencé par une culture chrétienne ambiante (apportée par sa famille et plus globalement par la culture française). Il ne fait pas état d’une foi personnelle, en revanche, il met régulièrement en avant dans ses titres certaines de ses angoisses liées à des questions existentielles. Une autre question émerge directement de ses croyances agnostiques : Si Dieu n’existe pas, qui va nous sauver ? Car l’idée que l’humanité a besoin d’un sauveur est très présente dans son œuvre. Il indique dans ses textes qui sont ses sauveurs, prenant différentes formes, entre entités et personnes de son entourage.
Le prochain article explore les différentes réponses à ce besoin universel dans le monde d'Orelsan.